Décès du fondateur de Xeikon, Lucien De Schamphelaere

23 février 2017

Lucien De Schamphelaere, ancien ingénieur d’Agfa-Gevaert qui a fondé Xeikon en 1988, est décédé le 20 janvier. Lucien De Schamphelaere avait 85 ans.

  • Xeikon à la Drupa 2016. Fondée en 1988 par Lucien De Schamphelaere, l’entreprise a survécu aux années pionnières agitées et est devenue une valeur sûre dans le monde de l’impression numérique.

Lucien De Schamphelaere a travaillé en tant qu’ingénieur au sein de la division recherche et développement chez Agfa-Gevaert. L’ancien dirigeant André Leysen lui avait donné à l’époque le feu vert pour travailler sur l’imagerie numérique. Ce qui a mené à la P400, une machine d’impression monochrome 400 points. Celle-ci fut présentée en 1982 à Cebit à Hannover et allait être fabriquée aussi pour Siemens.

Avec la création de Xeikon, De Schamphelaere allait se lancer sur le développement d’un système d’impression numérique couleur pour le marché haut de gamme de l’impression en couleur. Bien qu’Agfa détenait une participation minoritaire dans Xeikon, Lucien De Schamphelaere a dû partir à la recherche de financement auprès d’autres actionnaires. Xeikon a lancé sa première presse d’impression numérique polychrome à base de toner DCP-1 en 1993 lors du salon graphique IPEX à Birmingham et est depuis - avec Indigo qui, à l’époque, a mis sur le marché sa E-Print 1000 - un pionnier dans l’industrie graphique. En 1994, la première série de presse numérique fut construite et livrée à un client en Allemagne.

Quatre ans après que De Schamphelaere ait quitté l’entreprise, le tribunal de commerce d’Anvers déclara le producteur de presses Xeikon en faillite en mars 2002. De Schamphelaere justifiait alors le déclin de l’entreprise par un manque de concentration et par le développement d’activités dans trop de segments de marché.

En 2002, Xeikon tomba ensuite dans les mains du groupe coté en bourse Punch. En 2013, le fonds d’investissement hollandais Bencis rachète la participation de Punch dans Xeikon. Depuis le 20 novembre 2016, le fabricant de presse Xeikon fait partie du géant de l’encre Flint, où il est à la base de la nouvelle division “Digital Printing Solutions.” Avec ses presses numériques, Xeikon rencontre aujourd’hui du succès sur le marché des étiquettes autoadhésives.

A propos de Lucien De Schamphelaere

Lucien De Schamphelaere est né le 3 avril 1931 à Gijzenzele. Il a été diplômé en 1952 en tant qu’ingénieur technique électronique. La même année, il fut engagé dans un labo de physique de N.V. Gevaert Foto-Producten. En 1958, Lucien De Schamphelaere intègre l’instrumentation, une jeune division qui fut créée pour automatiser les machines et les processus de production au sein de Gevaert. Les 14 années pendant lesquelles il a dirigé l’instrumentation, beaucoup de choses ont changé. Le petit groupe de collaborateurs de la fin des années 50 est devenue une division de quelque 100 collaborateurs et dans les années 70 Agfa-Gevaert se tourne vers l’automatisation.

A partir des années 70, Lucien De Schamphelaere est de plus en plus convaincu que la photochimie classique serait irrévocablement remplacée par l’imagerie électronique. A partir de la seconde moitié des années 70, il a donc commencé à élaborer dans le silence une machine d’impression électronique avec un petit groupe de collaborateurs proches. En 1979, il crée un nouveau département de systèmes d’imagerie électronique avec le soutien de l’ancien CEO d’Agfa-Gevaert André Leysen et Etienne De Wolf. A peine trois ans après la fondation du nouveau département, la petite équipe peut présenter la P400, sa première presse monochrome, au salon de Hanovre.

En 1988, Lucien De Schamphelaere remporte la médaille Otto-Bayer, la première d’une série de prix scientifiques internationaux qu’il allait continuer de recevoir les années suivantes pour sa contribution à l’imagerie numérique.

La recherche constante de nouveaux défis semble être une constante dans la carrière de Lucien De Schamphelaere. “Une fois qu’une entreprise prend des proportions sérieuses, je perds un peu d’intérêt. Je suis le plus heureux au moment de démarrer une entreprise, ce qui n’existe pas encore peut encore avoir lieu», dit-il lors d’un entretien avec le journal De Tijd.

En tant que directeur du fonds de capital-risque du groupe (Capital Fund et Agfa), Lucien prend le temps à partir de 1986 d’examiner quelles sont les applications les plus prometteuses avec l’imagerie numérique. En 1988, il a un projet tout prêt qui donnera lieu un peu plus tard à Xeikon.

Pour ce nouveau projet, une société à responsabilité limitée est fondée en 1988, Ellith NV. Ce nom fut rapidement remplacé par Xeikon NV, une combinaison du mot grec “xeros” (sec) et “eikon” (image). Agfa prit alors une participation minoritaire dans cette entreprise. Le reste des capitaux propres a été apporté par six sociétés de capitalrisque.

Le jour est venu en été 1993. Xeikon présente la DCP-1, une presse numérique couleur qui permet d’imprimer sans plaques à encrer. “Un nouveau standard pour le marché de l’impression polychrome”, écrit le journal réputé Seybold. “L’impact de la DCP-1 sur l’impression couleur est au moins aussi grand que l’impact qu’a eu Apple LaserWriter sur l’impression en noir et blanc”.

En 1996, Xeikon entre à la bourse américaine Nasdaq, c’est la deuxième entreprise belge à franchir un tel cap. A l’âge de 67 ans, il se retire de la direction opérationnelle en tant qu’administrateur délégué. En 1998, il renonce à la présidence de Xeikon.

En 1999, Lucien De Schamphelaere fonde Triakon, le centre d’impression qui a pour vocation de montrer à quelles applications d’impression numérique polychrome la technologie se prête. Pendant ces années, il a fait partie de plusieurs conseils d’administration, dont Imec, Option, Melexis, Materialise et Hydrogen Systems.

Pour son travail de pionnier dans le monde graphique, Lucien a reçu différentes distinctions, dont les prix GATF, IS&T et le renommé Cary Award (1997).

Tout au long de sa carrière, Lucien De Schamphelaere est socialement resté très engagé, notamment dans le travail paroissial et le soutien des missionnaires locaux.