Réalisme bluffant

29 juin 2017

L’orateur invité Rizon Parein a fait forte impression pendant Get Smart in Printmedia Business. Effet WOW garanti. Avec ses illustrations photoréalistes, le Flamand a conquis le statut de superstar internationale.

  • Rizon Parein

Mizon Parein est régulièrement questionné sur les dimensions ou la disponibilité des objets figurant dans ses illustrations. Ses artefacts (imaginaires) et ses publicités en néon paraissent en effet à ce point authentiques que plus d’un pense voir la photo d’un objet existant. Envie de savoir ce que les grandes marques recherchent aujourd’hui ? Jetez donc un coup d’œil sur son site Web ou son compte Instagram. La liste de ses commanditaires a de quoi rendre jaloux : Nike, le rappeur américain Jay Z, Toyota, Mercedes, Google, Facebook, Heineken, Samsonite, Nespresso, Saatchi & Saatchi, TBWA, Ogilvy, plus une kyrielle de grands magazines et bien d’autres encore. Parein est un orateur fort demandé ; il remplit les salles de New York à Paris, en passant par Londres et Manille.

Publicités néon fictives

Comme souvent chez les designers, Rizon Parein fut dès le début porté par une ambition créative plutôt que poussé par des motivations commerciales. Ses premières réalisations, il les a livrées au public dans la rue en tant que graffeur. Après avoir fait l’acquisition d’un Mac et être entré en contact avec une communauté en ligne de designers, il a appris à monétiser son travail. Lentement mais sûrement, il est devenu de plus en plus actif dans la conception 3D. Et son étoile s’est mise à briller au firmament.

Les objets qu’il réalise pour les grandes marques sont d’une qualité époustouflante. Le style colle parfaitement au rayonnement high-tech recherché par beaucoup de ses donneurs d’ordres. Parein a conquis, parfois contre son gré, une réputation de créateur de matériel graphique pour des publicités néon fictives. Inspiré à l’époque par le logo du film hollywoodien Drive, il en a illustré une représentation en néon, qu’il a mise en ligne. Les réactions ont été nombreuses, dont des propositions visant à mettre le design en production. Les producteurs de Drive ont également jeté leur dévolu sur le graphisme, qu’ils ont utilisé pour la pochette de l’enregistrement de la bandeson, sorti à l’occasion du cinquième anniversaire du film.

L’image montre à quel point Parein travaille sur le détail. L’élément le plus infime est « dessiné » par lui sur son ordinateur. De l’entrelacs de fils électriques, de vis, d’attaches, d’ombres et de lumière, naît une représentation d’un réalisme magique. Parein a ajouté une broche sur laquelle reposent les câbles. Parein : « Dans la réalité, on ne procède jamais comme ça pour une publicité néon, mais je trouvais cela joli pour faire passer les fils à travers l’image. »

Ce concept de la « broche inutile » a été utilisé par la suite dans de nombreuses représentations de publicités néon, créées par d’autres illustrateurs.

Syndrome de Paris

Qu’ils aient ou non du succès, les designers actifs dans la publicité sont inéluctablement confrontés au « côté obscur » du métier, dit Parein. Ce que le public est amené à voir est souvent le résultat d’interminables réunions, de douloureux compromis et d’adaptations imposées par le donneur d’ordre. Il met même en garde contre un type de demande qu’il range dans la catégorie « syndrome de Paris ». Parein : « Ce genre de commande vient à ce point souvent de la capitale française que cela ne peut plus tenir du hasard. Elles sont d’emblée présentées comme très simples, à faire pour vendredi sans faute, pour un budget limité. Mais il s’agit d’un important client, donc vous devez le faire. »

À titre d’exemple, Parein montre des projets d’un design réalisé pour BMW. L’illustration devait représenter une voiture dans un environnement blanc, avec un cardiogramme en arrière-plan. Les dizaines de changements que Parein a dû exécuter par la suite (et qu’il a montrés au public de Get Smart) étaient tout simplement hilarants. Pratiquement chaque détail de la publicité a été adapté tout à tour, avec au final, un design insipide, à mille lieues de ce qui avait été convenu au départ.

Alex Kunst

Cinema 4D

Pour créer ses images magiques, Parein se sert du logiciel Cinema 4D de l’éditeur allemand Maxon. Ce programme a été développé pour les créateurs d’images et d’animations en 3D (le quatrième « D » fait référence à la dimension temporelle d’une animation). Il a été utilisé pour des films d’animation universellement connus comme L’Âge de glace et Le Pôle express.

Sans avoir la popularité de Photoshop (qui a aussi une fonctionnalité 3D), Cinema 4D est utilisé par de nombreux illustrateurs dans le monde. Les logiciels 3D s’adressent en général à l’utilisateur professionnel et leur courbe d’apprentissage est de ce fait souvent abrupte. Cinema 4D est réputé pour son environnement utilisateur relativement accessible.