KBA bicentenaire et parée pour son troisième siècle

23 novembre 2017

En cette 39e semaine de l’année, le siège central de Würzburg fêtait le 200e anniversaire du constructeur de presses KBA. Le jubilaire faisait fièrement étalage de ses machines et de sa mécanique 4.0. Les personnes présentes ont reçu la publication commémorative : « Menschen, Maschinen, Ideen ».

  • 1. Dipl-Ing. Bolza-Schünemann montre l’ancienne famille de logos de KBA.

  • 2. La présentation stratégique du Dr Dähn.

  • 3. La T1100S d’HP en pleine démo.

  • 4. Bobines d’essai de la HP T1100S.

  • 5. Vue d’artiste de la VariJET.

  • 6. Tête d’impression Panasonic de Xerox pour la VariJET-106.

  • 7. Nouveau hall de démonstration de Koenig & Bauer.

  • 8. Châssis latéraux de la rotative flexo Ci EVO.

  • 9. Démo de la RotaJET.

  • 10. Cœur imprimant de la RotaJET.

  • 11. CS MetalCan 2018.

  • 12. Îlot robotisé pour la fabrication des châssis.

  • 13. Dipl.-Ing. Homann présente la presse à billets de banque de NotaSys.

  • 14. Plaque d’impression et contreforme pour la presse NotaSys.

  • 15. KBA Genius pour imprimés fiduciaires.

CEO : identité unique pour 33 filiales

Dipl-Ing. Claus Bolza-Schünemann (1956), CEO de Koenig & Bauer AG (1), a saisi l’occasion de cet instant suprême pour marquer la relance de la marque KBA. Vingt-cinq année d’absorptions, fusions et consolidations ont contribué à créer une identité un peu fourre-tout. Un méli-mélo également perceptible dans la trajectoire de croissance suivie par KBA, avec tout le respect pour l’intelligence et l’esprit d’entreprise qui y ont présidé. On se souvient de la manière dont se sont déroulées les fusions avec Albert-Frankenthal et Planeta. Quoi qu’il en soit, les derniers détails de la nouvelle identité de marque devraient être prêts pour la Drupa 2020. Exit KBA, reste KOENIG & BAUER. « Un retour aux racines avec le regard tourné vers l’avenir », dit le constructeur. Ça, c’est pour l’emballage. La refondation du holding Koenig & Bauer AG cache toutefois bien d’autres choses. Désormais, il existe quatre divisions devant chacune assurer leur propre autonomie : Sheetfed, Digital & Web, Flexo et Special. Pour la construction des machines, elles font appel à KBA-Industrial Solutions, la division mécanique et fonderie du groupe, dirait-on.

Stratégie et objectifs selon le CFO

Dans son discours, (2) Dr Mathias Dähn (1967), CFO de Koenig & Bauer AG, a parlé « Stratégie et objectifs ». Il prévoit une croissance annuelle de +4 % jusqu’en 2020 dans tous les secteurs pour lesquels Koenig & Bauer développe des presses d’imprimerie (emballages souples, carton ondulé et carton plat). Pour les supports rigides, comme le plastique, le verre et le métal, il planche sur une hausse respective de 3,8 %, 3,3 % et 2,5 %. Mondialement, les parts de marché sont de 45 % en offset feuille, 6 % en flexo rotative et 95 % en flexo plano avec les CorruCut et CorruFlex. Dähn a par ailleurs exposé les trajectoires de Koenig & Bauer dans les différents domaines : impression jet d’encre numérique pour les emballages, avec notamment les machines feuilles hybrides Vari-JET-106 ; presses inkjet telles que la RotaJET de conception propre ; et la construction mécanique pour la (3+4) PageWide T1100 géante d’HP de 2,8 m de laize (notamment pour l’impression de liners). D’où l’on a appris que la dixième T1100S venait d’être terminée et qu’elle fonctionnait en mode démonstration. Dähn voit les stimuli suivants pour le marché de Koenig & Bauer : augmentation globale du bien-être, urbanisation et diminution de la taille des ménages, augmentation du nombre de variantes d’emballages, multiplication des emballages d’achats à domicile avec des possibilités de retour des produits, « accélération de la marque » avec des renouvellements plus rapides des produits, packaging comme outil de promotion des marques, et plus grande individualisation des produits. Il ne s’attend pas à ce que le numérique remplace les techniques d’impression analogiques, mais plutôt à ce qu’il les complète. La VariJET-106 pour 2017 ? Interrogé sur le lancement annoncé à la Drupa 2016 de la presse feuille B1 (5) Vari-JET-106 « Powered by Xerox » (jet d’encre aqueuse intégré dans une machine offset avec transformation en ligne), Bolza-Schünemann a répondu que l’année n’était pas encore terminée, mais que répondre aux exigences élevées des imprimeurs d’emballages était une tâche très lourde. Singulière réaction. Toujours est-il que ce projet VariJET ambitionne de montrer beaucoup dans une seule machine. À moins que des doutes ne planeraient sur les têtes d’impression ? Auparavant, la KBA RotaJET imprimait des encres à l’eau avec des têtes Kyocera, laissant parfois des traces sur du papier couché mat. À présent, la même machine utilise des têtes Samba de Fujifilm à encres aqueuses, sans marque à 1 200 x 1 200 dpi, et ce sur couché brillant ! Et il y aurait maintenant la VariJET-106 à (6) têtes Xerox-Impika Panasonic, spécifiées pour 1 440 x 1 440 dpi et des encres à l’eau pour une productivité horaire de 4 500 feuilles B1 (±100 m/min ; soit une vitesse métrique équivalente à celle de la presse nano de Landa à la résolution de 1 200 x 1 200 dpi). On comprend l’extrême prudence de Koenig & Bauer vu l’atmosphère critique qui s’est développée de plus en plus autour de l’impression jet d’encre pour les emballages. Autant d’indices qui laissent donc supposer que le lancement de la VariJET n’est plus pour 2017.

Projet stratégique

On a pu le voir à Würzburg, l’intention de Koenig & Bauer est de grandir au travers de rachats d’entreprises dans des marchés de niches et avec de nouveaux systèmes de conception propre en dehors de marchés offsets parvenus à maturité. (7) Un nouveau centre de démonstration de 2 100 m2 vient d’être construit sur les terrains de l’entreprise, pour un montant d’investissement de 6 millions d’euros. Würzburg accueillera en premier lieu les démos des rotatives flexo EVO de Flexotecnica, le constructeur de Tavazzano con Villavesco (Italie) repris voici quelques années. Le fait que nous ayons vu un (8) châssis de machine EVO à Würzburg confirme l’impression que Würzburg n’a plus l’intention de tout laisser aux mains des Italiens. La RotaJET sera elle aussi présente au centre de démonstration pour des présentations et des essais, activités toujours confinées à un hall d’assemblage. Tous les nouveaux développements dans le domaine de l’impression sur carton ondulé, comme la nouvelle évolution de la Corrugraph et la machine de découpe rotative CorruCUT, dont le lancement est imminent, y trouveront une place. Ces machines ont besoin d’espace et il n’est pas (toujours) possible d’organiser des démonstrations chez les clients. Les démos des presses offset feuille restent à Radebeul.

Démos

Le jour du jubilé, des démonstrations ont été proposées sur deux rotatives numériques. Tout d’abord, (9) la RotaJET77 intégralement variable de 80 cm de large, qui imprime avec des encres aqueuses pigmentées CMJN sur du Finesse Gloss 170 g/m2 d’UPM à 270 m/min. La bande de 79 cm de laize subit un préconditionnement avant de passer dans le groupe d’impression, après quoi elle est séchée par infrarouge. La RotaJET convient ainsi pour de la polychromie sur papier brillant de fort grammage (démonstration à l’appui également). Bien qu’imprimés en polychromie, les textes en noir et bleu KBA étaient d’une netteté impeccable grâce à un repérage parfait. (10) L’ensemble d’impression composé de 20 têtes Samba par couleur était clairement visible. De quoi confirmer une fois de plus que l’on ne se fie plus aux têtes Kyocera, comme c’était le cas auparavant dans la première RotaJET via le partenariat avec QuadGraphics. Les imprimés à l’époque étaient encore relativement sensibles aux traces. Ce qui n’était plus le cas des échantillons les plus récents. Autrement dit, les exemples actuels d’imprimés à 1 200 x 1 200 dpi de la RotaJET permettent d’avoir toute confiance en sa qualité d’impression. Des démos ont également été données sur la HP T1100 de 280 cm évoquée plus haut.

Autre technique innovante

Pour l’impression sur canettes (11), Koenig & Bauer a mis au point la CS MetalCan : une presse à offset sec de type tambour à dix couleurs, avec changement de plaques semi-automatique. On sait en effet que les exigences de production en plus petites quantités sont de plus en plus déterminantes sur le marché de la canette. Les dix encrages courts opèrent autour d’un tambour central tapissé de segments magnétiques destinés à accueillir des blanchets en caoutchouc à semelle métallique. Ceux-ci transfèrent intégralement l’image en couleur en un seul passage aux canettes en rotation. La CS MetalCan a été développée pour une cadence de 2 500 canettes/min ( ! ). En poursuivant plus avant dans l’usine, on a pu voir l’effet d’un gros effort de modernisation auprès d’une multitude (12) d’îlots de fabrication robotisés. Tout un hall dédié à l’industrie 4.0 !

Presses à billets

(13) Koenig & Bauer n’avait pas non plus hésité à montrer sa gamme de presses à billets de banque, connue sous la marque KBA-NotaSys (ceux-ci étaient souvent barrés de la mention « Spécimen »). NotaSys est propriété à 100 % de Koenig & Bauer depuis 2001 ; auparavant elle s’appelait KBA-GIORI. 95 % des billets de banque du monde entier sortent de presses Koenig & Bauer auprès de 80 utilisateurs qui possèdent 1 400 unités au total. Dipl.-Ing. Lothar Hohmann, dirigeant de KBA NotaSys, a présenté une presse à billets à l’œuvre : la Super Orlof Intaglio-III. Ce dernier ajout fait référence au nombre de compartiments de piles de sortie avec compteurs. Il est en effet exclu qu’une feuille se perde en cours de production ! Et en impression de billets de banque, la gâche n’existe pas. Il y a une réception pour les feuilles bonnes à 100 %, une pour les feuilles de passe et une pour les feuilles de contrôle. Plusieurs entrées de marge sont également possibles selon le client. La Super Orlof en démonstration en avait trois : à côté du papier du tirage (préimprimé en offset multicouleurs), l’utilisateur peut aussi, par exemple, souhaiter pouvoir imprimer d’autres feuilles intermédiaires avec les mêmes images. (14) La Super Orlof est équipée d’une robuste tour d’héliogravure de format plus ou moins B1, qui utilise des plaques chromées où l’image imprimante est gravée en creux (au milieu et à droite sur l’illustration). La plaque jaunâtre à gauche est une contreforme comportant des aplats rehaussés en polyester élastique. Celle-ci imprime le papier monnaie dans les lignes de guilloche encrées de laforme imprimante raclée et dépoussiérée. C’est ainsi qu’apparaît le relief imprimé sur une des faces des billets de banque. La majeure partie de l’image est imprimée en offset, complétée d’une dorure à chaud et d’autres caractéristiques de sécurité appliquées par un équipement spécial de NotaSys. (15) La Genius cinq couleurs (36 x 52 cm) de Koenig & Bauer est l’une de ces presses spéciales. NotaSys utilise cette machine offset sans mouillage à encres aqueuses UV pour l’impression fiduciaire. Justement pour sa capacité à imprimer des lignes qui restent ultranettes un seul passage sur le papier-valeurdurci. Cette presse a également été présentée pendant les démonstrations du jubilé. Hohmann a pu annoncer fièrement que la Genius a déjà été vendue à 175 exemplaires, dont entretemps 3 par NotaSys.

Jan Vroegop