Des chiffres et des lettres

28 mars 2024

Avec la victoire à Milan-San Remo de notre compatriote Jasper Philipsen, la saison des classiques a démarré sous d’excellents augures pour les Belges. Curieux de voir qui lèvera les bras en ce dimanche de Pâques au Tour des Flandres, autre monument du cyclisme. Les gens aiment les classements et, fidèles à la tradition, nous publions ce mois-ci celui des entreprises graphiques. Nos collègues de Trends Business Information ont compilé les chiffres et se sont plongés dans ces données pour dégager des tendances. Les résultats publiés ont trait à l’exercice 2022, qui avait vu le chiffre d’affaires du secteur graphique belge progresser de plus de 10% après deux années de forte contraction. Même si tout le monde n’a pas eu sa part du gâteau de la croissance. 2022 a aussi été l’année où la Russie a envahi son voisin ukrainien, marquant le début d’un conflit sur le sol européen qui reste à ce jour sans issue. Dans ce contexte difficile, les entreprises de production graphique ont dû faire face à une envolée des prix de l’énergie et des matières premières et à un marché hésitant. Une grève a paralysé les papeteries finlandaises d’UPM des mois durant. Et aujourd’hui encore, les perspectives sont sombres pour le groupe coté. UPM négocie en effet l’introduction du chômage temporaire sur ses sites de production finlandais. Les syndicats ont d’ores et déjà dénoncé la CCT en cours…

La conjoncture macro-économique difficile que traversent nos entreprises manufacturières transparaît également dans les chiffres récemment publiés par FINAT. La fédération européenne de l’industrie de l’étiquette autoadhésive qualifie l’année 2023 de décevante pour le secteur. La consommation d’étiquettes autoadhésives a reculé de 26% l’an dernier par rapport à 2022, soit la plus forte baisse en glissement annuel depuis que l’organisation a commencé à recueillir des statistiques en 2003. Cette diminution des volumes est conforme à d’autres indicateurs que nous avions déjà rapportés pour l’année écoulée: selon les chiffres provisoires de Cepi, la consommation de papier et de carton a baissé de 15% en 2023. Avec une chute de 27,5% pour le papier graphique. Selon FINAT, le secteur a été confronté l’an dernier à un «mix toxique» de problèmes: demande excédentaire après la pandémie, pénurie de matières premières, surstockage par les entreprises, perturbations de la chaîne d’approvisionnement, envolée des coûts et ralentissement économique. FINAT dit toutefois avoir observé un redressement au 4e trimestre 2023, qui a vu la demande d’étiquettes autoadhésives en Europe augmenter de 2,1% par rapport à la même période de 2022. La première hausse après quatre trimestres de baisse de la consommation, souligne la fédération sectorielle, qui espère la reprise déjà pour cette année.

Une initiative qui a eu l’heur de nous réjouir a été le lancement de la première plate-forme de vente de polices de caractères originales de facture belge. Le designer typographe Jo De Baerdemaeker (Studio Type) a mis ce webshop en ligne plus tôt dans le mois à Anvers. Jusqu’il y a peu, les créateurs de polices de caractères devaient aller à l’étranger pour commercialiser leurs fontes sur Internet. Jo De Baerdemaeker est un typographe de réputation internationale qui collabore avec des entreprises telles qu’Adobe, Apple, Google et Microsoft. Il enseigne également à la LUCA School of Arts de Gand. Il est notamment connu pour le projet de recherche «Typo Belgiëque», où il revisite l’histoire oubliée de la création typographique belge et offre une nouvelle vie à quelques familles de polices typiquement belges. Des chiffres et des lettres, donc. Bonne lecture.

Kurt De Cat, rédacteur en chef